Proposition faite au poète par une fervente admiratrice
ayant appris (comment ?) les déboires amoureux du susdit.
Vous que l'amour a délaissé,
Ne marchez plus tête baissée !
Il est une âme secourable
– Car à quoi bon se désoler ? –
Toute prête à vous consoler :
C'est moi. Rien n'est irréparable ;
À votre bon cœur endeuillé,
J'offre les draps et l'oreiller.
N'ayez pas peur ! Allons, courage,
Votre cœur par l'amour déçu
Par mon cœur sera bien reçu.
Je vous le dis : vous faire outrage
Est une injure, une infamie
Et j'en suis choquée, mon ami.
Celle qui vous fit cette offense
Était maîtresse en fourberie,
Qui vous donnait du : « Mon chéri... ».
Elle affirmait pour sa défense
Que vous étiez trop occupé
À versifier : cœur dupé !
Mais dites-vous, mon cher poète,
Qu'elle faisait tout à l'envers :
Honte à qui n'aime pas les vers !
Moi qui en fais sous la couette,
Je vous y invite, in situ.
– Puis-je vous tutoyer ? Si tu
Es d'accord bientôt pour qu'on s'aime,
J'offre les draps et l'oreiller
À ton pauvre cœur endeuillé.
On récolte ce que l'on sème
Et j'espère bien recueillir,
Moi qui suis prête à t'accueillir,
Les fruits de l'amour qui console ;
Ce sont fruits de la passion,
Qu'on ne s'y trompe pas ! Si on
Perd le Nord, oublie la boussole ;
Pour rendre service au marin,
Au voyageur, au pèlerin,
Elle nuit aux cœurs volontaires :
Perdons le Nord sur l'oreiller,
Soyons prêts à appareiller
Pour cette île nommée Cythère,
Toi que l'amour a délaissé
Et moi qui n'ai jamais cessé
D'espérer que ton cœur soit libre :
L'amour est toujours bienvenu,
Qui met l'âme et le cœur à nu,
Pour des gens de notre calibre !
(Signature absente)
Annonay, mercredi 20 octobre 2021
Réponse du poète par retour de courrier
(sur le même mode : même mètre, même canevas de rimes, même longueur)
Madame qui m'avez écrit,
Votre poème est comme un cri
Qui m'a ravi le cœur et l'âme.
La belle proposition,
Prélude à des positions
Que j'entrevois d'ici, madame.
Mais il est un point en sursis
Que j'aimerais voir éclairci :
Qui êtes-vous, ma poétesse ?
Par quel prénom vous désigner ?
Vos stances ne sont pas signées...
Est-ce par excès de hâte ? Est-ce
Étourderie ? Distraction ?
Se peut-il que la passion
Que plus avant vous évoquâtes
Ait troublé vos sens abusés ?
Du coup, comment dois-je en user ?
Certes, l'affaire est délicate
Mais permettez-moi d'insister :
Il serait vain de résister
Car comment mon cœur en détresse
Lors saurait-il se décider ?
« Cette dame, a-t-il demandé,
A-t-elle des yeux verts ? Des tresses ?
De fines mains, des ongles longs ?
Porte-t-elle le pantalon ?
Quels sont un peu ses savoir-faire ?
Joue-t-elle de l'harmonica ?
(Et c'est tant mieux si c'est le cas,
C'est l'instrument que je préfère).
Cette dame a-t-elle songé
Que l'amour n'est pas sans danger
Quand on connaît mal ceux qu'on aime ? »
Puis encore une fois, crénom,
Que faire sans votre prénom ?
– Sans doute fort joli phonème.
Que ces vers par vous envoyés
– Au fait, puis-je vous tutoyer ?
Soient les messagers de ta flamme,
Je n'en doute pas un instant
Mais même à sentiment constant,
Qui donc en est l'auteur, madame ?
Peut-être à bientôt, ma jolie
Et qu'importe si c'est folie,
J'attends demain de tes nouvelles.
(P. S. : Bienvenu qui s'y fie,
Envoie-moi ta photographie :
Tout ce qu'une image révèle !)
Lionel R.
Annonay, mercredi 20 octobre 2021
Ne marchez plus tête baissée !
Il est une âme secourable
– Car à quoi bon se désoler ? –
Toute prête à vous consoler :
C'est moi. Rien n'est irréparable ;
À votre bon cœur endeuillé,
J'offre les draps et l'oreiller.
N'ayez pas peur ! Allons, courage,
Votre cœur par l'amour déçu
Par mon cœur sera bien reçu.
Je vous le dis : vous faire outrage
Est une injure, une infamie
Et j'en suis choquée, mon ami.
Celle qui vous fit cette offense
Était maîtresse en fourberie,
Qui vous donnait du : « Mon chéri... ».
Elle affirmait pour sa défense
Que vous étiez trop occupé
À versifier : cœur dupé !
Mais dites-vous, mon cher poète,
Qu'elle faisait tout à l'envers :
Honte à qui n'aime pas les vers !
Moi qui en fais sous la couette,
Je vous y invite, in situ.
– Puis-je vous tutoyer ? Si tu
Es d'accord bientôt pour qu'on s'aime,
J'offre les draps et l'oreiller
À ton pauvre cœur endeuillé.
On récolte ce que l'on sème
Et j'espère bien recueillir,
Moi qui suis prête à t'accueillir,
Les fruits de l'amour qui console ;
Ce sont fruits de la passion,
Qu'on ne s'y trompe pas ! Si on
Perd le Nord, oublie la boussole ;
Pour rendre service au marin,
Au voyageur, au pèlerin,
Elle nuit aux cœurs volontaires :
Perdons le Nord sur l'oreiller,
Soyons prêts à appareiller
Pour cette île nommée Cythère,
Toi que l'amour a délaissé
Et moi qui n'ai jamais cessé
D'espérer que ton cœur soit libre :
L'amour est toujours bienvenu,
Qui met l'âme et le cœur à nu,
Pour des gens de notre calibre !
(Signature absente)
Votre poème est comme un cri
Qui m'a ravi le cœur et l'âme.
La belle proposition,
Prélude à des positions
Que j'entrevois d'ici, madame.
Mais il est un point en sursis
Que j'aimerais voir éclairci :
Qui êtes-vous, ma poétesse ?
Par quel prénom vous désigner ?
Vos stances ne sont pas signées...
Est-ce par excès de hâte ? Est-ce
Étourderie ? Distraction ?
Se peut-il que la passion
Que plus avant vous évoquâtes
Ait troublé vos sens abusés ?
Du coup, comment dois-je en user ?
Certes, l'affaire est délicate
Mais permettez-moi d'insister :
Il serait vain de résister
Car comment mon cœur en détresse
Lors saurait-il se décider ?
« Cette dame, a-t-il demandé,
A-t-elle des yeux verts ? Des tresses ?
De fines mains, des ongles longs ?
Porte-t-elle le pantalon ?
Quels sont un peu ses savoir-faire ?
Joue-t-elle de l'harmonica ?
(Et c'est tant mieux si c'est le cas,
C'est l'instrument que je préfère).
Cette dame a-t-elle songé
Que l'amour n'est pas sans danger
Quand on connaît mal ceux qu'on aime ? »
Puis encore une fois, crénom,
Que faire sans votre prénom ?
– Sans doute fort joli phonème.
Que ces vers par vous envoyés
– Au fait, puis-je vous tutoyer ?
Soient les messagers de ta flamme,
Je n'en doute pas un instant
Mais même à sentiment constant,
Qui donc en est l'auteur, madame ?
Peut-être à bientôt, ma jolie
Et qu'importe si c'est folie,
J'attends demain de tes nouvelles.
(P. S. : Bienvenu qui s'y fie,
Envoie-moi ta photographie :
Tout ce qu'une image révèle !)
Lionel R.

